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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

Le hasard avait voulu qu’il eût offert l’étoffe à la reine le dernier jour d’avril.

Le lendemain, il parut donc à la cour, non-seulement sans barbe, mais aussi sans cheveux.

Lorsque la reine entra, son premier regard tomba sur Rosenzweig. Elle fut étonnée, puis elle se mit à rire si fort que la première dame d’honneur, la princesse Schnakerlburg-Piepenhausen, en eut la colique après le dîner. Le médecin voulait attribuer cette colique à un abus de truffes mais la patiente préféra la rejeter sur l’impardonnable oubli de l’étiquette commis par Sa Majesté.

— Mon Dieu ! s’écria la reine, tel n’était pas mon désir. Voyez donc, messieurs, ce modèle de loyal sujet allemand. Je lui demande de faire couper sa barbe, et il se fait raser toute la tête.

Elle se reprit à rire. Puis le ministre Kronstein ayant murmuré à la comtesse Bärnburg l’histoire de la perruque, Sa Majesté en fut bientôt informée, et alors sa gaieté dépassa toutes les bornes de la bienséance de cour. Elle oublia jusqu’à Wolfgang lui-même, et le général Knopf racontait le lendemain, au casino militaire, que, pour la première fois, on avait ri à la cour « à ventre déboutonné ».