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UN HOMME LOYAL, ETC.

ne pas apprécier cette délicatesse de sentiment qui fait un devoir aux personnes bien pensantes d’épargner la honte du travail à des dames dont les mouchoirs de poche portent des couronnes à sept pointes !

La conseillère ne donnait aux pauvres à sentiments si tendres qu’avec la plus grande circonspection. Elle n’osait pas se permettre de faire connaître les noms de ceux qui étaient secourus. Il lui était donc impossible, à son grand regret, de soumettre à l’examen du conseil des dames les reçus des sommes données. On n’a jamais bien su pourquoi elle regrettait de ne pouvoir montrer ces reçus, puisque personne ne les lui demandait et qu’à chaque séance ses comptes étaient approuvés.

Jamais personne ne lui demandait non plus qui payait sa voiture, ses meubles neufs venus de Paris, son argenterie et ses robes de soie, de velours. Qui aurait osé soupçonner cette femme pouvant changer de figure, de voix avec autant de facilité qu’une dame à la mode change de toilette ?

De même que la princesse de Metternich a le flair pour sentir si le moment demande du velours pesant ou de la gaze légère, un manteau plein de majesté ou un mantelet plein de piquant, et devine non-seulement la couleur qu’il faut, mais même