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LES PETITS SECRETS D’UNE ACTRICE

c’est inutile ; l’eau monte déjà dans ses souliers et découle partout de sa personne. Il regarde de tous côtés ; il doit y avoir quelque part un moyen d’arrêter ce déluge.

Ah ! voilà un bouton. Il le presse d’un air de triomphe et il reçoit une nouvelle ondée, qui sort du mur comme un boulet. Il recule ; il voit des boutons d’acier de tout genre ; il pousse ici, il pousse là, à droite, à gauche, en haut, en bas, et, à chaque poussée, il déchaîne de nouvelles furies qui le frappent sans pitié de fouets humides.

Et au milieu de ce déluge des pas s’approchent.

Rosenzweig se voit condamné à une mort sûre et jure qu’il tiendra tête.

— Je me défendrai jusqu’au dernier homme ! s’écrie-t-il.

La porte s’ouvre ; Valéria paraît sur le seuil, voit les éléments déchaînés, regarde Rosenzweig qui est là mouillé comme un caniche, faisant une grimace martiale, et part d’un éclat de rire.

— Venez donc ; quelle figure vous faites ! s’écrie-t-elle.

Il sort inondé. L’eau ruisselle de tout son corps sur le beau tapis. Elle le suit de son pied léger.

— J’ai passé une heure bien désagréable, murmure-t-il. Je suis trempé jusqu’aux os, mais la flamme de mon cœur n’est pas éteinte.