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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

pas laisser diminuer l’intérêt qu’on lui témoignait. Elle permettait à Rosenzweig de lui faire la cour ; elle recevait les hommages du comte Bärnburg et d’Oldershausen, et quand elle était de belle humeur, après la représentation, elle emmenait chez elle, dans son coupé, les plus jolies choristes.

Le roi semblait avoir vaguement connaissance de ces caprices de la belle comédienne. Pour la plus petite chose, il se montrait méfiant, jaloux, autant que peut l’être le maître d’un harem. Mais tout en se préoccupant fort peu des sentiments intimes du roi, Valéria n’avait garde de ne pas faire de son mieux pour consolider sa brillante situation. Elle évitait soigneusement tout ce qui pouvait fournir à son royal ami matière à sérieuses réflexions.

Il arriva qu’un matin, pendant qu’elle était encore au lit, M. Rosenzweig se présenta pour causer une bonne fois, sans être dérangé, avec sa presque inabordable amie. L’adoration de cet homme d’honneur ne pouvait pas certainement éveiller le soupçon, mais si Sa Majesté avait trouvé une seule fois Valéria en tête à tête avec lui, tout ce qui avait été fait eût certainement été défait. Le banquier n’était donc plus venu le soir ; il était venu l’après-midi et n’avait pas été reçu. Alors il vint à midi, puis un peu avant midi, et ses visites n’aboutissant