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LES PETITS SECRETS D’UNE ACTRICE

eurent quitté la diva, elle examina l’appartement en détail, les meubles de très-près, vérifia les comptes que Plant lui soumettait, et dit enfin : « Je suis contente ! »

Plant en disait autant de son côté. Il avait lieu d’être content. Il avait empoché environ deux cents florins prélevés sur l’ameublement et quelques petits achats. Ce n’était pas mal pour commencer.

Ce même soir encore, le roi envoya son aide de camp de confiance s’informer avec beaucoup de chaleur de la santé de Valéria. La belle actrice remercia avec dignité, et, après quelques phrases hypocrites, elle congédia l’aide de camp de Sa Majesté d’un geste de la main, qui, il n’y a pas plus de cent ans, n’appartenait qu’aux reines, et dont les actrices, les dames du demi-monde se servent aujourd’hui avec la même grâce, la même condescendance.

À sa première apparition sur la scène, où elle joua le rôle de donna Diana dans l’immortelle comédie de Moreto, elle fut accueillie par le public avec cette joie frénétique qui, dans l’Allemagne de nos jours, n’est excitée que par les héros des batailles les plus meurtrières ou par les virtuoses de théâtre.

Après le second acte, le roi se montra derrière