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CE QUE RACONTE UNE MÈRE

âme. Tu t’asseyais avec un livre à la lisière du bois et des feuilles dorées que tu parcourais tu levais les yeux vers les nuages ou tu écoutais le bruit que faisaient les bêtes dans la forêt.

Ton père avait le désir de faire de toi un juriste ; tu suivrais la carrière qu’il avait parcourue avec honneur, car dans l’intervalle il était devenu conseiller. Mais tu avais l’esprit tourné vers l’observation ; ton jeune esprit soupirait après la science, les découvertes, la vérité. Les articles de loi auraient gêné l’essor de ta nature idéale. Ton père finit donc par se décider à t’envoyer à l’Université étudier l’histoire.

Le grand-père te vit encore revenir, après la première année, avec l’écharpe rose des étudiants. Puis il mourut. La propriété et le château se vendirent. Le grand-père avait outrepassé ses ressources avec ses expériences : la propriété était fortement hypothéquée. Il fallut tout vendre, même les collections.

Ne parlons pas de cela ; nous en avons assez souffert autrefois.

Tu étais un bon étudiant. Au lieu de boire, chanter et te battre, tu travaillais avec zèle, tant de zèle, que tes joues fraîches en pâlissaient. Cette application soutenue faisait que tu vivais seul. On croyait au contraire que tu voulais te tenir à l’é-