lorsque je vis pour la première fois les montagnes de la lune, et que mon père mesura la hauteur de ces montagnes à l’aide de l’ombre projetée par elles ?
Qu’elles étaient belles, agréables, ces heures où les autres dormaient, où la passion se taisait, de même que l’égoïsme et aussi l’espérance !
Mon père aimait en outre les arts.
La science représentait pour lui le travail, et le beau sa joie, sa distraction. Nous n’avions pas de salon comme on en a aujourd’hui, de salon d’apparat pour les étrangers. Nous n’avions qu’une jolie salle à deux fenêtres entre lesquelles était une porte vitrée ouvrant sur une terrasse d’où l’on descendait au jardin.
Les meubles étaient antiques et les draperies en indienne à fleurs ; mais près de la cheminée, dans le coin, entre deux grands rosiers, il y avait un piano, et sur le mur du milieu un grand tableau, un chef-d’œuvre de Baroccio, flanqué de deux belles peintures de genre de l’école flamande.
Sur tous les autres murs, on apercevait de belles gravures ; sur les petites étagères, de jolies statuettes : la Vénus de Milo, la Vénus de Médicis, l’Apollon du Belvédère, l’Hercule Farnèse, la Juno Ludovisi, le groupe de Laocoon, la Niobé,