ler, de lui faire des récits, comme jadis à l’époque où elle passait souvent de longues soirées auprès de son petit lit d’enfant.
Autrefois, elle lui avait raconté de jolis contes ; maintenant, c’étaient d’autres histoires, des histoires vraies que murmuraient ses lèvres flétries ; mais elles n’en étaient pas moins merveilleuses aux yeux d’Andor, quoiqu’il connût le monde et les hommes.
Il songeait fréquemment : « Tout a-t-il donc changé à ce point depuis que j’ai grandi ? Est-ce plus qu’un pieux mensonge que ce qu’on raconte du bon vieux temps ? Y a-t-il eu jadis tant de braves gens, tant de cœurs simples dont les pulsations vigoureuses trahissaient la nature comme le frémissement du bois ou l’ondulation des blés dans les champs ? »
Pendant que, tristement courbé sur ses livres, il creusait cette pensée ou toute autre semblable, sa mère fit un mouvement. Il fut à elle et lui tendit sa médecine.
— Pas encore, fit-elle ; je veux seulement causer avec toi.
Andor s’assit auprès d’elle sur le vieux fauteuil brun et elle lui prit la main droite dans les deux siennes.
— Je mourrai, mon cher enfant, dit-elle de sa