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III

CE QUE RACONTE UNE MÈRE

Il est des douleurs qui fondent sur les hommes comme une tempête descend sur un bois, courbant les arbres jusqu’à terre. Les arbres se brisent, se déracinent et ne relèvent plus jamais leurs branches vers le ciel bleu, ou bien ils se redressent aussitôt, fiers, forts autant qu’avant, et seule la faible écorce qui les enveloppe laisse voir plus tard çà et là des fentes cicatrisées.

Mais il est aussi des douleurs qui viennent lentement, faisant ainsi souffrir sans interruption, tuant sûrement comme le ver sans cesse à ronger dans le vif du bois. L’arbre continue à balancer ses branches vertes aux chauds rayons du soleil ; on dirait qu’il a encore toute sa force, toute sa vie, et pourtant l’ennemi qu’il renferme le mine, le mine jusqu’à ce qu’il l’ait tué.

C’était ce qui se passait pour Andor. Il n’avait