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OÙ IL S’AGIT DE TROIS JEUNES FILLES MODÈLES

demandant pas mieux que de voir la supposition fondée.

— Il écrit long, quatorze pages en petite écriture ; il a donc beaucoup de temps ; or, de nos jours, qui a du temps sinon les jeunes gens très-riches n’ayant besoin ni de travailler ni d’apprendre ?

— La lettre ne ressemble pas du tout aux lettres d’amour habituelles, ajouta la comtesse Erwine. Je m’imagine que celui qui l’a écrite doit être un de ces Russes fabuleusement riches que nous avons actuellement dans notre ville.

— Je gagerais qu’il est millionnaire, s’écria Micheline.

— C’est un prince russe, affirma la comtesse.

— Je ne souhaiterais guère un millionnaire pour Hanna, susurra la baronne Julie.

— Pourquoi pas ? demanda en souriant Hanna, qui ne trouvait pas qu’un homme à million fût digne de mépris.

— Tous les millionnaires sont gros et ont de vilaines têtes chauves.

— Quelles idées poétiques cela réveille ! fit Hanna avec un adorable haussement d’épaules.

— Encore une fois, c’est un prince russe, reprit la comtesse.

— Il faudra que je pense à faire la conquête