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JEAN

— Oui, fit-il avec fermeté.

Il fixait son regard sur elle et dans ses yeux brillait une lueur étrange. Peut-être était-ce de la haine ; à coup sûr ce n’était pas de l’amour. Il alla ensuite reprendre son cigare sur le rebord de la fenêtre et le ralluma.

— Inutile de te dire que je prends la chose tout à fait au sérieux, reprit Valéria. Dès ce soir, tu es mon domestique, rien de plus. Tu seras payé comme domestique, traité comme domestique, et, si je suis mécontente de toi, chassé comme un domestique. Tu auras les mêmes gages que Fritz ; es-tu content ?

— Oui.

— Tu te feras couper la barbe et tu tâcheras de te rendre aussi méconnaissable que possible. Je ne veux pas être compromise à cause de toi, comprends-tu ? Dès que tu auras endossé la livrée, je t’appelle Jean.

— Le nom ne me plaît pas.

— Je t’appellerai Jean parce que cela me plaît, interrompit l’actrice se levant pour lui ôter le cigare de la bouche et le jeter par la fenêtre. Et toi, tu perdras l’habitude de me tutoyer. Tu ne me diras que « madame ». Tu vas te rendre à la ville pour y chercher la nouvelle livrée que tu avais commandée pour Fritz ; elle t’ira suffisamment bien.