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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

— Valéria ! s’écria Plant s’abandonnant aux sentiments qui l’entraînaient, nous ne pouvons pas nous séparer ainsi. Tu veux me prouver que je te suis indifférent ; tu veux te venger parce que tu m’aimes et que moi j’ai mal agi envers toi.

— Je t’avais tenu jusqu’ici pour un homme d’une volonté, d’un esprit supérieurs, répliqua-t-elle avec moquerie ; mais je vois que tu es faible, inconséquent, et, pire encore, niais, bête. Qui peut renier aussi promptement ses principes, surtout quand ces principes sont bons, que l’expérience a constaté leur bonté ? Je ne saurais te reprocher d’avoir quitté une pauvre fille pour aller à une riche comtesse qui te voulait ; c’était très-habile de ta part et je t’en fais mes compliments ; mais il est odieux que toi tu m’accables, lorsque je n’agis que comme tu agirais à ma place. Suppose que la reine se prenne de passion pour toi, — c’est difficile, très-difficile à supposer, ajouta-t-elle avec un sourire diabolique, — suppose-le cependant, et demande-toi si tu ne t’empresserais pas de m’abandonner.

— Je ne t’abandonnerais pas.

— Tu te mens à toi-même et tu me mens à moi ; tu n’hésiterais pas plus à choisir la reine que je n’hésite à te préférer le roi.