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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

moindre envie de lui faciliter l’aveu qu’elle attendait.

— Il faut que tu saches que… je… je suis ruiné, marmotta-t-il, après avoir repris haleine avec bruit.

L’actrice haussa les épaules.

— Je l’avais pensé, répliqua-t-elle tranquillement.

— Qu’allons-nous devenir maintenant ? poursuivit Plant.

— Oh ! ne t’inquiète pas de moi, lui dit-elle en jouant avec les glands de l’ottomane ; je nouerai une liaison avec le roi.

— Valéria ! Tu me dis cela à moi qui t’aime, qui t’adore à en perdre la raison, qui t’ai tout sacrifié. Tu pourrais être aussi ingrate, aussi sans cœur, aussi…

— Pas de scène, s’il te plaît, interrompit sèchement Valéria ; si tu es entré ici avec l’intention de m’agacer les nerfs, moi, je vais en sortir. Parlons sérieusement et laissons de côté toute sentimentalité, ainsi qu’il convient entre gens raisonnables. Je n’ai pas du sentiment à revendre, comprends-tu, et si tu veux me paraître sot, ridicule, tu n’as qu’à faire appel à mon cœur avec beaucoup de pathos, ou à te montrer très-ému. Moi, je ne joue pas la comédie en dehors du théâtre.