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JEAN

redressait. Il lui tardait de causer avec Plant, mais elle ne voulait pas perdre l’avantage qu’il y avait pour elle à l’attendre et elle retombait dans la même attitude d’ennui, d’indifférence.

À l’apparition de Plant, elle leva les yeux sur lui un moment et continua à lire comme si elle n’avait rien eu à démêler avec lui.

Cette manière de faire n’était pas encourageante. L’embarras de Plant devint d’autant plus grand qu’il avait tout le temps d’admirer la magnifique femme qui, hier encore, lui appartenait et qu’il devait perdre aujourd’hui, de s’enivrer à nouveau de la vue des charmes que le négligé en soie rose orné de dentelles et parfumé ne cachait qu’à moitié. Lorsque Valéria le vit enfin tout à fait pris dans les boucles de sa chevelure dénouée, elle laissa retomber la main d’ivoire tenant le rôle et le regarda de ses yeux veloutés mi-clos, avec autant de tranquillité que s’il ne se fût rien passé, que si rien n’eût dû se passer.

Plant redevint maître de lui. Il se promena dans le boudoir, s’enveloppant d’un nuage de fumée. En revenant à la fenêtre, dans sa promenade, il s’arrêta, fit mine de vouloir attraper une mouche bourdonnant sur la vitre, et s’écria ensuite :

— J’ai quelque chose à te dire.

Valéria ne lui répondit pas. Elle n’avait pas la