Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/437

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
27
JEAN

Valéria, il se tournait et se retournait dans son excellent lit, sans pouvoir dormir.

Il ne parvint à fermer les paupières que lorsque le soleil versait déjà sa magique lumière dans la chambre, à travers les persiennes vertes.

À son réveil, il était midi.

Il se hâta de faire toilette. Tout en soignant ses beaux ongles roses et longs, il pensait à sa situation, sérieusement, sans vouloir se tromper lui-même.

Il était ruiné ! donc Valéria était perdue pour lui.

À cette déduction logique rien à opposer, absolument rien. Il aurait bien voulu trouver ne fût-ce qu’une paille pour s’y accrocher ; mais il n’en trouvait point.

Il se mit alors à se faire des reproches. Comment avait-il pu, lui, Plant, le calculateur sempiternel, l’homme si fin, si peu scrupuleux envers autrui, concevoir semblable passion pour une femme qui lui montrait maintenant la porte avec tant d’indifférence, lui sacrifier tout ce qu’il avait acquis ?

L’idéalisme seul avait pu lui faire faire pareille folie. Il maudissait donc ses illusions, la faiblesse romanesque de son caractère, la sotte tendresse de son cœur. Peu à peu il en arriva à se mettre