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SOUS PRÉTEXTE D’IDÉALISME

— Je suis à la veille de manquer de souffle. Il faut t’habituer à mettre un frein à ton amour de la dépense, sinon tu nous ruineras.

— Nous ! répéta Valéria avec un haussement d’épaules. Toi peut-être ; mais tu aurais dû penser à cela plus tôt ; je n’ai jamais su quelles étaient tes ressources. Si tu n’es pas riche, tu n’aurais pas dû m’approcher.

— C’est ainsi que tu me récompenses de mon affection, s’écria Plant, du sacrifice que je t’ai fait ? Je n’ai que ce que je mérite. Pourquoi ai-je été un idéaliste assez fou, assez faible pour mettre aux pieds d’une femme tout ce que je possédais ?

— Tu parles de sacrifices ? Je ne t’en ai demandé aucun, si ce n’est une villa et la toilette qui m’est indispensable.

— Et quelques autres bagatelles, interrompit Plant. Nous ne discuterons pas là-dessus ; mais je ne suis plus en état, entends-tu, plus en état de…

— Ne crie pas de la sorte, fit Valéria d’un air languissant, en se bouchant les oreilles. J’entends suffisamment. Tu n’es plus en état de me donner l’argent dont j’ai besoin. C’est très-bien à toi de m’avouer cela sans détours. Je trouverai facilement quelqu’un autre qui satisfera mes désirs, même