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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

Découragé, le front plissé, silencieux, il quitta la ville pour retourner vers Valéria. Elle n’eut pas l’air de s’apercevoir du changement survenu en lui. Tout en jouant négligemment avec les agrafes d’or de son caftan turc du matin, elle se mit à parler du rôle de la Reine Christine qu’elle venait de recevoir et de la pompe royale qu’elle comptait déployer dans la pièce.

— As-tu l’argent nécessaire ? s’empressa de demander Plant très-surexcité.

Honte-à-toi, qui comprenait seulement que son maître le prenait sur un ton nouveau avec celle qu’il détestait, aboya gaiement et remua la queue en signe de joie.

— Je vois que tu peux aussi avoir de l’esprit, répondit Valéria de ce ton moqueur qui a bien plus de charme qu’une offense non déguisée ; c’est une qualité que je te reconnais pour la première fois aujourd’hui.

— Tu ne tarderas pas à m’en découvrir d’autres, s’écria Plant dont le sang s’échauffait.

— Lesquelles ?

Il mit les mains dans ses poches et arpenta la chambre.

— Cela ne peut durer ainsi. J’ai satisfait chacun de tes désirs, chacun de tes caprices.

— Comment ! J’ai aussi des caprices.