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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

elle avait le don de surexciter, jusqu’à l’extase, l’imagination, les sens de son adorateur ; et une femme qui sait s’habiller est toujours jolie, surtout aux yeux de ceux qui font passer le costume avant la femme elle-même.

La beauté classique en habit de toile nous laisse froids, tandis que la figure de chat et le corps osseux, parcheminé d’une femme du monde moderne, nous ravit, si elle est mise avec goût et habilement peinte.

Mais Valéria n’avait pas seulement pour elle le charme de la toilette ; elle savait encore être amusante.

Ce second avantage, le don de la conversation, dont l’importance ne saurait être trop démontrée, réveille en nous l’esprit, l’âme, le cœur, même la passion. D’habitude, ce sont les hommes qui doivent amuser une femme, en se mettant l’esprit à la torture pour arriver à ce résultat. Lors donc qu’il se rencontre une merveille, nous débarrassant de ce terrible souci et prenant même sur elle de nous amuser, sans jamais se lasser de chercher du nouveau, d’électriser nos nerfs détendus, ne doit-on pas s’écrier : « quelle femme parfaite ! »

Valéria amusait autant par ses fantaisies, son art de mettre chaque jour du nouveau en scène, ou d’arranger d’une manière originale ce qui