Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/416

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
6
LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

Du côté de la rue, un élégant escalier donnait accès à la villa, et de l’autre côté une loggia ornée de statues ouvrait sur le jardin commandant une admirable perspective qui s’étendait, par-dessus un parterre de roses, une pelouse entourée de beaux arbres et à travers une allée de grands hêtres, jusqu’à un village aux maisons blanches, aux toits rouges, au clocher en pleine lumière, puis, au delà, jusqu’à une verte colline surmontée d’un château en ruines se dressant dans le bleu du ciel.

Dans le parc, il y avait des allées ombreuses, des grottes en tuf, avec des siéges moussus, des charmilles de plantes grimpantes, des bosquets mystérieux, un lac dont la surface brillait comme un miroir et sur lequel flottaient doucement des nénuphars, des lis, des cygnes blancs. Soudain on y entendait les cris d’appel, les chants des oiseaux, les roucoulements des tourterelles, la note plaintive du rossignol, la note gaie du pinson, le sifflement du merle. Soudain encore retentissait un bruit d’eaux s’échappant de réservoirs cachés, se répandant en ruisseaux sur de blancs cailloux, entre les herbes élancées, les bleus « ne m’oubliez pas », ou se transformant en cataractes écumantes et tombant prisonnières dans de vastes coquilles de marbre.