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OÙ IL S’AGIT DE TROIS JEUNES FILLES MODÈLES

langue et qu’avec la couleur, le son, la ligne, on ne saurait être aussi clair qu’en paroles.

Elle aimait surtout la littérature. Elle avait lu Gœthe, Schiller, Paul de Kock, Heine, Ada Chrysten, Marlitt, le Nouveau Tannhaüser, la Vie de Jésus, de Renan, et toutes les Pensées de Nestroy, que la librairie Rosner de Vienne livre au public avec un zèle infatigable.

Née cent ans ou seulement cinquante ans plus tôt, elle eût infailliblement écrit des poëmes ; mais à notre époque pratique, elle écrivait des nouvelles en échange desquelles elle avait même la cruauté de demander de l’argent.

On a compris que les trois jeunes filles modèles devaient être amies ; elles l’étaient en effet et sans le moindre égoïsme de part ou d’autre. Cette amitié allait même si loin que jamais elles ne cherchaient à s’éclipser par leur toilette ou leur talent et à raconter l’une de l’autre des petites histoires, en visant à l’esprit, comme les diseuses de couplets. C’était à celle des trois qui dirait le plus de gentillesses aux deux autres, qui les enlacerait avec le plus de chaleur, qui les embrasserait avec le plus de tendresse, tant qu’il n’y avait pas dans le voisinage un homme valant la peine qu’on lui donnât la préférence.

Dans quel but nos trois jeunes filles modèles se