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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

père pleuvaient sur les touches. Un orgue de Barbarie se serait révolté de cette manière de jouer ; mais on l’avait trouvée admirable dans un grand nombre de salons, et, à la suite d’un concert de bienfaisance, les journaux l’avaient même vantée. Pourtant c’était par la peinture qu’elle brillait particulièrement.

Un bichon peint par elle d’après nature avait fort intrigué les connaisseurs à la dernière exposition ; ils n’avaient pu décider entre eux si la toile représentait un manchon, un arbuste épineux ou un plumeau.

La baronne Julie avait un faible désordonné pour tous les genres d’architecture. N’ayant eu jusqu’ici aucune occasion de montrer en grand « son talent muet », elle se contentait de prouver ce qu’elle savait faire en dessinant des volières monumentales. Elle avait déjà fait construire, pour le bouvreuil de la comtesse Bärnburg un joli dôme gothique, pour le sansonnet du conseiller aux finances Teschenberg une école américaine, et pour son propre rossignol un merveilleux temple grec.

Hanna n’aimait pas ces arts qui ont, dans l’expression, du vague fantastique ou une harmonie froide ; inflexible, en véritable enfant du siècle, jolie, fine, mobile, elle préférait la poésie, parce que la poésie lui permettait de se servir de sa