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PETITES AFFAIRES

rogea-t-il, toujours courbé sur tes livres ? Ne penseras-tu pas enfin à quelque chose de meilleur, de plus pratique ?

— Je doute fort, répondit Andor en riant, que ce que toi tu appelles pratique et moi matériel, égoïste, soit en somme meilleur.

— Toujours le même, un incorrigible idéaliste ! À vrai dire, je ne suis pas plus sage et je devrais me taire. En un clin d’œil, mon idéalisme m’a fait dépenser ce que mon sens pratique m’avait fait gagner.

— Il me semble que tu n’as pas à te plaindre. Tu as gagné beaucoup d’argent, et sans avoir réellement travaillé.

— Parbleu ! qui est-ce qui travaille, aujourd’hui que le travail c’est la misère, ou une manie ? Il n’y a que les sots. La spéculation est le seul champ de l’homme d’esprit. Tout le reste n’est que bêtise ou chimère.

— Je t’en prie, répliqua Andor d’un ton froid, sévère, ne parle pas ainsi devant moi. Le travail est honorable dans toutes les conditions ; il n’y a d’honnêtement gagné que ce qu’il produit. La spéculation ne vaut pas mieux que le jeu, et les joueurs ont été de tout temps méprisés. Ne me donne pas comme une vertu ton manque de principes.

— Des faits, mon ami, des faits, dit Plant dont