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PETITES AFFAIRES

Les deux jeunes hommes traitèrent l’affaire dans un élégant café fréquenté principalement par des boursiers et des courtiers. Le baron eut bientôt une entière confiance en Plant, qui lui en imposait par son naturel froid, réfléchi.

— Si j’étais sûr que vous ne me trahirez pas, monsieur Plant, dit-il enfin, je vous confierais…

— Je sais me taire ; c’est important dans les affaires. Le bavardage est à mes yeux un luxe que peuvent seuls se permettre les riches oisifs.

— Eh bien ! moi aussi, je suis pauvre.

— Je le savais.

— Je suis même plus que pauvre, je dois environ vingt mille florins.

— Et vous voudriez ne pas les payer ?

— Il faut au contraire que je les paye. La baronne Julie n’a qu’une petite fortune insuffisante pour que je me range, si je veux ensuite acheter une propriété et m’y établir. Je ne vois pas comment me tirer d’embarras. Vous qui avez de l’expérience et l’esprit de ces choses-là, donnez-moi un conseil.

Plant se mit à réfléchir et répondit :

— Je prendrai sur moi d’arranger cette affaire difficile, à votre entière satisfaction, et de telle sorte que vous puissiez garder entre vos mains la