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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

comte, tantôt il l’égarait dans celle de la comtesse, et toujours d’une manière convenable, avec une sage retenue. Son prédécesseur avait été un voleur vulgaire. Sous la direction de Plant, les recettes augmentaient et les dépenses diminuaient. Ses maîtres n’avaient-ils pas lieu d’être satisfaits de lui ?

Avec l’argent amassé chez les Bärnburg, Plant commença à jouer à la Bourse. Plein de sang-froid, de prudence, il se contentait de gagner peu, mais à coup sûr et souvent.

On ne tarda pas à le remarquer et Rosenzweig lui accorda une demi-confiance, une première, une seconde fois, puis une confiance entière.

« C’est un brave homme, » avait coutume de dire le banquier. Il ne s’adjuge jamais plus de cinq pour cent. Il mérite de la considération. »

Au moment où Plant s’approcha de la table brillamment éclairée, Valéria recula comme si elle eût marché sur une de ces bêtes, au sang froid, inspirant un invincible dégoût. Un lézard ou un crapaud ne l’aurait pas plus impressionnée. Elle pâlit et ses lèvres tremblaient convulsivement.

Plant, debout devant elle, l’avait reconnue. Une phrase banale lui était venue aux lèvres, mais sa langue se trouva alourdie comme par un poids écrasant. Les mots ne pouvaient s’échapper de sa bouche. Il regardait fixement la belle jeune femme qui était