Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/362

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
352
LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

exactitude à persuader aux dames que la Sibérie devait être réellement un bien joli pays.

Après la représentation, on détela les chevaux de la comédienne et une trentaine de messieurs qui paraissaient beaucoup plus aptes à ce travail que les nobles bêtes de l’attelage, traînèrent la voiture à force de bras jusqu’à l’hôtel d’Europe. Puis les artistes, les étudiants, exécutèrent une marche aux flambeaux en l’honneur de l’idole, et l’Association des chanteurs lui donna une sérénade pendant que le directeur, à qui Sa Majesté avait confié cette mission spéciale, lui apportait la minute de l’engagement qui l’attachait au théâtre de la Cour. Une clause particulière lui assurait un traitement supérieur à tous les traitements passés et présents, les premiers rôles du drame et de la comédie, et stipulait en outre qu’après dix ans, elle recevrait une pension dont le chiffre était le même que celui du traitement.

Qu’on vienne dire maintenant que l’Allemagne est ingrate envers ses grands génies, ses grands talents !

Qu’importe qu’un auteur à demi fou, écrivant de vieilles pièces démodées comme les Macchabées où il n’y a point de belles toilettes, où, comme Entre ciel et terre, dont les personnages sont de vulgaires couvreurs ; qu’importe que cet auteur n’ait pas tou-