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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

femme légère et sans cœur, à qui le mauvais goût avait dressé une belle couronne de lauriers, fut considéré comme tout naturel, et beaucoup d’autres spectateurs, aristocrates blasés, membres du Jockey-Club, pauvres étudiants affamés et ouvriers aux mains noircies par le travail, jetèrent à l’envi leurs manteaux, leurs vêtements dans la boue. Valéria souriant, remerciant à droite et à gauche, gagna sa voiture sur ce pont précieux.

Le lendemain matin, vers onze heures, on annonça à Valérie qu’un monsieur désirait vivement lui parler.

— Quelle mine a-t-il ? demanda la comédienne étendue en peignoir rose sur une chaise longue.

— Il a l’air de très-bien se porter, dit Katinka, la petite soubrette encore assez inexpérimentée en cette sorte de choses.

— Buse ! s’écria Valéria, amie des mots énergiques qu’elle affirmait avoir appris dans le divin Shakespeare. Je te demande si c’est un homme convenable, un homme ayant de l’argent.

— Il porte un gilet en velours rouge et une chaîne de montre en or.

— Fais-le entrer.

Le visiteur entra. Sa corpulence remplissait la porte, en largeur bien entendu, car il n’était pas grand. Il avait une figure juive assez pleine, des