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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

je reste dans un théâtre où je suis la première de l’emploi, afin de pouvoir acquérir un peu plus de réputation et m’en aller ensuite en tournée comme Janauschek, Seebach et Raabe.

— Je regretterais qu’il en fût ainsi, observa Sa Majesté. Vous deviendriez une virtuose comme la Ziegler, qui ne joue bien que quelques rôles ; vous ne seriez plus une artiste. Non, restez parmi nous ; je me charge de votre engagement.

— Puisque Votre Majesté le désire, je n’ai qu’à obéir ; mais quelque ridicule et prétentieux que cela puisse paraître, je mets une condition à mon obéissance.

— Et cette condition est ?

— Que je serai sous la protection de Votre Majesté, que je pourrai en appeler à elle quand il le faudra.

— C’est tout naturel, dit le roi gaiement.

Deux jours après, Valéria jouait son second rôle : Lady Macbeth. Le temps s’était mis à la pluie et le théâtre regorgeait de spectateurs.

La belle comédienne eut un succès extraordinaire, un vrai triomphe, surtout dans la scène où lady Macbeth paraît en somnambule.

— C’est un négligé que pourrait porter une souveraine, observa la reine quand Valéria fit son apparition.