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LA COUPE DE L’ARC-EN-CIEL

drôlesse passe à un autre plus riche, jusqu’à se brûler la cervelle afin de lui faire une réclame dont elle sait très-bien profiter.

Mademoiselle Teschenberg avait écouté tout cela et s’en était souvenue. Trop décente pour rivaliser avec les femmes du théâtre, du demi-monde, elle avait tiré profit d’une autre manière des conversations entendues et de sa beauté. À défaut du prix-fixe auquel sa décence l’empêchait de songer, elle en avait visé un autre : le petit anneau d’or qui devait unir indissolublement une jeune fille comme elle à un homme dont la fortune était à ses yeux la seule qualité.

En attendant, le général paraissait heureux de s’abandonner au doux sentiment que lui inspirait Hanna, et dont il avait été sevré si longtemps. Il se montrait amoureux, sensible, galant, à sa manière, mais, hélas ! pas du tout entreprenant.

Si une bonne âme n’était venue au secours de mademoiselle Teschenberg, jamais probablement elle n’eût savouré le plaisir d’être madame la générale, à la tête d’un corps d’armée ; heureusement pour elle, il y a encore des âmes charitables dans le monde, et parmi ces âmes charitables figurait madame Brenner. L’événement prouvait qu’elle était réellement une bonne femme, comme l’appelait Hanna.