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LA COUPE DE L’ARC-EN-CIEL

— Ce sont de bien jolis oiseaux, insinua-t-elle, je les mange très-volontiers.

Il n’en fallut pas davantage pour que le général prit son fusil, sifflât son chien anglais et partît, il rapportait bientôt trois perdreaux qu’il déposa solennellement aux pieds d’Hanna.

— Faut-il les envoyer à la ville ? interrogea madame Brenner.

— Du tout, répondit son maître, c’est pour mademoiselle.

Une heure avant le dîner, le général demanda à madame Brenner :

— Quel est le prix des perdreaux à la ville ?

La réponse étant satisfaisante, il ajouta :

— Vous pourriez en vendre deux au marchand de gibier ; moi, je ne mange pas de perdreaux et Clarisse ne peut les souffrir. Le troisième, vous le ferez rôtir pour Hanna. Choisissez les deux plus beaux pour le marchand.

À dîner, mademoiselle Teschenberg eut devant elle le plus petit des oiseaux. Le général la regardait attentivement lorsqu’elle le prit sur son assiette.

— Il paraît bon, n’est-ce pas ? lui dit-il.

Hanna lui en offrit la moitié.

— Une bouchée, si vous voulez, répondit-il, mais au bout de votre fourchette.