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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

La forte femme la regarda, mais sans colère. Elle avait très-bien vu que le général favorisait « l’étrangère » et elle s’était résignée depuis longtemps. Ses yeux semblaient demander grâce. Après avoir décousu la robe elle la rapporta à la gouvernante sous le prétexte de lui demander conseil ; en réalité, pour un tout autre motif.

— Mademoiselle Hanna, fit-elle en respirant avec force, tant la démarche lui coûtait, je voudrais vous demander quelque chose ?

— Parlez, bonne femme.

— C’est précisément au sujet de cette appellation que je désirerais vous parler, soupira madame Brenner ; si cela vous fait plaisir, appelez-moi canaille. Vous pouvez le faire ; vous êtes tout chez le général. Si vous aimez mieux, donnez-moi un soufflet ; venant de vous, un soufflet me fera honneur et plaisir ; mais ne m’appelez plus bonne femme.

Le général ne semblait pas avoir aussi bonne opinion de la mémoire d’Hanna que de ses autres brillantes facultés. Avait-il pour elle quelque attention, il ne manquait jamais de le lui rappeler. En revenant à pied d’une promenade avec Clarisse, mademoiselle Teschenberg parla d’une compagnie de perdrix qu’elle avait fait lever dans un champ de navets.