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LA COUPE DE L’ARC-EN-CIEL

Hanna qui t’aime pour toujours, et que le post-scriptum portait en variantes infinies : le temps me manque pour t’écrire.

Deux semaines de plus, et l’Hanna, pour toujours aimante, s’arrêtait à la seconde page. Une autre semaine, et elle commençait ses lettres disant, comme en post-scriptum : je suis si occupée, si absorbée, que je t’écris à la hâte ces quelques lignes…

À cette époque, qu’est-ce qui pouvait tant occuper Hanna ? Était-ce Clarisse ? assurément non. Était-ce le général ? encore moins. Il ne lui fallait ni beaucoup de temps, ni beaucoup de réflexions ou d’efforts pour imposer toutes ses volontés à cet homme qui semblait de fer. Le sexe fort, nous ne le savons que trop, est destiné, prétend Schopenhauer, à être tyrannisé par « ces créatures en longues robes claires qui ne sont ni trop sages ni trop bonnes et n’ont pas même le droit de se dire jolies ».

Si cette domination des femmes était due à leur esprit prépondérant, à leur force de volonté ou bien à une force physique plus grande, on essayerait de lutter contre elles ; mais, comme elle est bien moins fondée sur les avantages de la femme que sur notre faiblesse qui menace de durer autant que l’humanité, il n’y a pas de résistance possible.