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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

— Jetez-la à l’eau, la méchante enfant, commanda le père à mademoiselle Teschenberg.

— Pardon ! interrompit vivement Hanna, Clarisse n’est pas méchante ; elle est malade. Laissez-moi faire, elle descendra dans l’eau.

Mademoiselle Teschenberg s’élança vers la maison et en revint avec son costume de bain. Elle s’habilla à la hâte dans la cabine et elle nageait bientôt dans l’étang avec autant d’aisance, sinon autant de grâce, qu’une ondine dont l’eau est l’élément.

Le général la couvait des yeux.

— Bravo ! fit-il enfin en retroussant sa moustache.

Il avait complétement oublié Clarisse. Hanna nagea tranquillement jusqu’à la planche à sauter, trouva pied et resta là, le buste hors de l’eau.

— Viens avec moi, Clarisse, dit-elle alors. Il fait si bon dans l’eau. N’aie pas peur. Saute hardiment. Je te reçois dans mes bras.

La fillette respira longuement, se dressa sur la pointe des pieds et bouda de nouveau.

Mademoiselle Teschenberg se rapprocha plus encore et tendit le bras vers elle.

— Prends ma main, mon enfant, et laisse-toi tomber.

Clarisse s’assit sur la planche, saisit la main de sa gouvernante et, les yeux fermés, se laissa tomber