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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

— Qu’appelez-vous mauvais maîtres ?

— Ceux qui essayent d’anéantir, de tuer la personnalité de l’élève, au lieu de se borner à la développer, à l’améliorer.

Le général se prit à réfléchir.

— Vous avez peut-être raison, disait-il bientôt.

Après le déjeuner, Hanna ne tarda pas à voir quelques échantillons de la méthode du général. D’abord arriva le domestique, un ancien grenadier de la garde. Clarisse mit un ceinturon avec giberne, baïonnette, prit un petit fusil et alla se poster sur une petite place sablée, derrière la maison, avec la docilité d’un soldat ayant des années de service. L’instructeur avait l’air très-martial et commandait d’une voix de tonnerre, comme s’il eût fallu se faire entendre de toute une brigade. Pendant ce temps, la petite recrue avec sa figure délicate, ses grands yeux noirs clignotants sous le soleil, sa personne nerveuse, semblait véritablement malheureuse.

Aux exercices militaires succéda l’équitation. Un cavalier amena un poney noir que la pauvre enfant monta avec une répugnance, une frayeur visibles. À côté de la maison, il y avait un autre espace sablé entouré d’une barrière. Ce fut là qu’eut lieu la leçon. Chaque fois que l’écuyer faisait trotter le cheval, deux grandes taches d’un rouge