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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

Le général était économe.

— J’espère que tout est en ordre dans votre chambre ? interrogea-t-il.

Il avait regardé Hanna de telle sorte que toute contradiction semblait impossible ; mais mademoiselle Teschenberg hasarda l’impossible.

— Pas tout à fait, fit-elle. Il me manque une table. Je l’ai déjà dit à la bonne femme-là.

La bonne femme en question devint cramoisie.

— Vous mettrez une table, madame… Compris ?

— Très-bien.

— C’est joli une robe blanche, reprit le général un instant après en regardant la toilette d’Hanna, mais le blanchissage est cher.

— Je porte des robes blanches tout l’été, répliqua mademoiselle Teschenberg. Je les donnerai à blanchir au dehors.

Le front du général se plissa.

— Parlons maintenant de Clarisse, dit-il froidement, je veux vous exposer en quelques mots ma méthode d’éducation. J’aime tout ce qui est exact, net, concis ; j’ai horreur des mots inutiles ; je ne supporte ni le romanesque ni la sentimentalité, en général, rien d’efféminé. Ma défunte femme ne m’ayant pas donné de fils, j’élève Clarisse en vrai garçon. Je ne veux pas la voir prendre les habitudes grimacières de nos dames, comprenez-vous ?