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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

Mademoiselle Teschenberg défit sa malle, rangea son linge, ses vêtements dans la commode, et se mit ensuite au lit.

Avant de s’endormir, elle resta longtemps les yeux au plafond, les mains croisées sous la tête, l’esprit absorbé. Des pensées sombres, désagréables lui venaient les unes après les autres, flottant devant elle comme les brouillards d’automne après la pluie. Elle songea avec amertume à la maison paternelle, à sa mère ; puis elle jura de nouveau amour et fidélité à Andor. Elle faisait ce serment avec tant de passion, de larmes, qu’on aurait dit qu’elle doutait d’elle-même, qu’elle voulait s’encourager pour l’avenir à une constance sur laquelle elle ne comptait pas.

Le lendemain, de très-bonne heure, le son aigu d’une cloche qui faisait trembler la maison vint la tirer d’un mauvais rêve. Elle se leva, fit sa toilette si prestement que, lorsque madame Brenner entra chez elle en criant laconiquement : « Temps de se lever », elle était déjà debout devant sa commode à écrire une lettre pour Andor.

— Vous voyez ! Il me manque une table, fit-elle observer.

— Ne vous faut-il pas autre chose aussi ? répliqua madame Brenner d’un ton d’irritation.

— Quand j’aurai besoin d’autre chose, bonne