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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

des piquants de hérisson. Il se borna cependant à jeter un regard de côté sur sa voisine, à l’air si résolu, et alluma sa pipe.

— Il me semble, dit Hanna d’un ton d’autorité, qu’on demande d’abord la permission de fumer.

Le vieux soldat se retourna tout à fait et regarda Hanna fixement. En réponse à son regard moitié furieux, elle le dévisagea de ses grands yeux gris intelligents, et il remit sa pipe dans sa poche. Il aimait mieux ne pas fumer que d’en demander la permission à la nouvelle gouvernante.

— Le général va avoir du bon temps, murmura-t-il d’une voix qui paraissait sortir d’un soupirail. Il n’aime pas la subordination, le général ; il ne l’aime pas, non.

— Le général est le général, et vous, vous êtes le cocher, répondit Hanna.

La baguette de fusil leva son fouet et en frappa les chevaux, quoique cela ne fût pas nécessaire. Cet acte d’injustice termina la conversation.

Une autre jeune fille, dans la situation d’Hanna, eût interrogé le cocher pour pouvoir régler, d’après les renseignements obtenus, sa conduite envers le général et les autres personnes de la maison. Toute autre femme moins rusée eût agi de la sorte ; mais mademoiselle Teschenberg était fermement résolue à ne pas dévier un instant de la ligne de