Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/301

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
291
SELON LE MÉRITE, LA RÉCOMPENSE

Pendant ce temps, la première dame d’honneur était sur le point de s’évanouir.

Wolfgang demanda une audience au père du pays et exposa ses griefs. Le vieux roi se mit à rire.

— C’est dans le sang ; rien à faire. Faut-il envoyer la princesse au violon ? Hé ! ce sont des petites preuves d’affection ; on ne doit pas garder rancune aux femmes pour cela. Lola Montès en a fait autant. Cela vous permettra de réfléchir sur la différence entre la princesse et les danseuses d’aujourd’hui. Hm ! quel vilain monde ! Que voulez-vous ? Je vous donnerai une décoration. C’est un bon emplâtre pour toutes les blessures. Vous avez tout l’air du tigre de mon jardin zoologique. Vous aurez l’ordre de l’Épée. Bonjour.

Le sculpteur, à qui les officiers de la garde donnèrent le sobriquet de rayé, — les officiers en général, et ceux de la garde en particulier, sont très-spirituels, — le sculpteur reçut en effet l’ordre de l’Épée, la troisième classe, et bientôt il voyait s’ouvrir devant lui la perspective d’une seconde distinction du même genre.

Il arriva qu’une plainte fut déposée contre lui peu de temps après. Les journaux publièrent, Dieu sait par quelle influence, des notes mystérieuses faisant pressentir un de ces procès à huis-clos qui excitent l’émotion et l’indignation dans toutes les