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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

À huit heures et demie, il sortit de la ville dans une voiture de chasse et en compagnie d’un seul aide de camp sur lequel il savait pouvoir compter entièrement. Il n’y avait rien d’extraordinaire dans cette sortie ; le prince royal passait pour excentrique et avait déjà fait des choses très-étranges. À neuf heures, la princesse Paula sortait au galop du château, suivie de l’écuyer Klepfer. En ceci rien d’étonnant non plus ; tout récemment encore, par un beau clair de lune, la princesse avait fait seller son cheval à minuit.

Une heure plus tard, elle mettait pied à terre à la lisière d’une forêt entourant le château de chasse royale d’Hubertusburg. Elle dit à l’écuyer de garder les chevaux, se débarrassa de la traîne d’amazone qu’elle avait serrée à sa ceinture, demanda du feu pour sa cigarette à M. Klepfer et s’engagea rapidement sous la feuillée, vêtue maintenant d’un costume gris très-court et d’une veste turque rouge, à broderies d’or. La lune l’éclairait dans sa marche. Dans le haut du bois, sur une colline parsemée de toute sorte de broussailles, se dressait une hutte couverte d’écorces d’arbres et dominant les sombres sommets des arbres. C’était là que le prince royal attendait la princesse.

De sa cravache elle frappa à la porte qui s’ouvrit. Elle pénétra dans la hutte, où régnait une forte