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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

entre ses mains le fil de toutes les intrigues de la cour.

Il était onze heures du matin. La bouillante jeune princesse venait de se lever de très-mauvaise humeur, et se faisait coiffer par Warinka, qui ne cessait de roucouler, de chanter. Une dame de la cour avait apporté un bouquet de la part du prince et s’était éloignée en faisant une profonde révérence. La première des dames d’honneur attachées à la suite de la princesse Paula était encore à admirer les belles roses lorsque tout à coup la princesse se leva, prit le bouquet de son royal adorateur et le jeta sur le parquet.

La première dame d’honneur tressaillit, comme si une bombe eût éclaté près d’elle.

— Mon Dieu ! fit-elle à mi-voix.

— Laissez-moi seule, lui commanda la princesse.

La vieille dame fit une de ces révérences de cour par lesquelles on est bien près de s’asseoir par terre et disparut prestement.

— Qu’y a-t-il, Warinka ? demanda aussitôt la princesse. Tu as quelque chose à me dire ?

La petite confidente fit un signe de tête affirmatif.

— Ce matin, de bonne heure, dit-elle tout bas, il y a eu une scène juste devant les écuries de la