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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

et vous aurez le journal tel qu’il sera un jour, c’est-à-dire le miroir du monde, le foyer de tous les intérêts.

Déjà, le peintre cherche à faire reproduire son tableau par un journal illustré, parce que de cette manière il sera mieux connu que par cent expositions. La musique elle-même se réfugie dans les journaux littéraires.

Quand la presse en sera au point qu’elle doit atteindre, dans un laps de temps assez court, tous les reproches qu’on lui adresse avec raison ne seront plus fondés. La frivolité sempiternelle du journaliste à tout faire sera remplacée par le travail sérieux, clair, de l’homme spécial, et peut-être alors n’y aura-t-il plus de journaliste proprement dit, parce que tout le monde sera journaliste.

L’homme politique, qu’il appartienne au gouvernement ou à un parti d’opposition, ne dédaignera plus d’écrire lui-même le principal article dans le journal de sa couleur. Les belles-lettres et la science s’empareront du feuilleton. L’économiste, le financier diront leur avis dans les colonnes de la feuille. La critique ne sera plus faite, comme il arrive trop souvent, par des gens qui viennent de quitter les bancs de l’école. Le littérateur parlera de la poésie ; le musicien de la musique ; le peintre des tableaux.