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TROIS JEUNES SAGES ET UN VIEUX FOU

reconnaître, je suis homme aussi à le démontrer. Je sais d’elle des faits probants, aussi probants qu’un coup de poing dans la nuque. Elle a été créée pour ensorceler cette race d’hommes et l’asservir. Si elle n’était pas appelée à devenir reine, elle deviendrait probablement une Aspasie ou une Pompadour. Allons ! dételez ses chevaux, jeunes gens, et attelez-vous à leur place ; elle le mérite, vous pouvez m’en croire. »

— Qu’est-ce que cela signifie ? demanda Plant sans baisser la voix. Serait-il au fait de quelque petit roman de la princesse ? À mes yeux, un petit roman la rendrait plus intéressante encore.

En réponse aux dernières paroles du clerc, le comte, toujours penché sur son échiquier, ajouta immédiatement :

« Je le savais bien que je n’avais pas d’objection à attendre. C’est là aussi un idéal de notre temps. La vertu est ennuyeuse et le vice nous promet tant de plaisir ! Que diantre ! nous voulons nous distraire, et nous ne sommes plus assez simples pour nous contenter de ce que nos pères appelaient la joie. Il nous faut du surexcitant. Où cela nous mènera-t-il ? Peu importe : nous sommes assez pratiques pour ne nous préoccuper que du présent.

» Une femme qui s’estime suffisamment heureuse de nous aimer, de nous rendre la maison