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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

Parlons d’abord des moyens dont la presse dispose.

Supposons qu’un auteur scientifique d’une vraie valeur écrive chez nous un bon livre. Si ce livre se vend bien, on en débitera cinq cents exemplaires. Je parle de ce qui est la règle et non des rares exceptions. Soit cinq cents acheteurs.

Comptons cent lecteurs pour chaque exemplaire, — l’estimation est incontestablement beaucoup trop élevée — et nous aurons en tout cinquante mille lecteurs. Je mets la moyenne de nos journaux à dix mille abonnés ; il y en a à quarante mille. Donnez à chaque numéro, comme pour le livre, cent lecteurs, et cela vous fait un million de lecteurs par jour.

Dès lors, à vouloir produire, faire valoir une idée, quel sera le moyen le plus pratique, du livre qui sera lu une fois par cinquante mille lecteurs, ou du journal lu quotidiennement par un million de lecteurs ? Le journal, évidemment.

Nous voici au point que je visais dès le commencement.

Celui qui suit sans idées préconçues et d’un œil clairvoyant le développement de la littérature européenne, arrive à cette conclusion que la littérature est de plus en plus absorbée par la presse quotidienne. En général, parmi les personnes qui