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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

mais les guerres ne sont jamais que des pas en arrière de la civilisation, qu’une interruption plus ou moins longue que les monarques et les hommes d’État font subir au travail pacifique des peuples. Nous n’en restons pas moins des sybarites désireux d’acquérir, de jouir, sans travailler, et par conséquent toujours prêts à nous jeter dans les bras de la spéculation, de la fraude.

Je le répète, notre époque manque de grands buts humanitaires, manque d’idéal, et, l’homme ne pouvant vivre sans idéal, il aime mieux remonter de plusieurs siècles dans le passé, que se contenter du brutal évangile de la matière. La conséquence naturelle et juste de ceci est que des millions d’individus, nos contemporains, reviennent à la foi idéale du moyen âge, qu’il se produit même de nouveaux miracles, et que ce noble instinct de mettre l’humanité au-dessus de la nationalité, pousse les chefs de tous les peuples appartenant à la même foi à se jeter dans les bras de l’Église et du pape.

La religion est avant tout l’idéalisme du vulgaire et elle le sera aussi longtemps que nous ne trouverons rien de mieux à mettre à sa place. Le grand mouvement clérical de nos jours n’est pas dû, comme le croient les gens à contre-vue, à quelques lois libérales, mais au matérialisme qui a tué