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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

— Allons donc ! — marmotta Plant. — Il est absurde.

Il y eut un temps d’arrêt pendant lequel le comte replaça ses pièces sur l’échiquier.

— Le prince héritier doit être amoureux-fou de la princesse Paula — fit alors Wolfgang.

— Elle n’est venue en visite à la cour — répliqua Plant — que pour l’enchaîner avec une de ses tresses soyeuses ou le ruban de sa jarretière. Il y a longtemps que le mariage est décidé et prêt diplomatiquement.

— La princesse Paula serait donc… ?

— Notre future reine. Nous avons le doux espoir de devenir ses sujets.

Le comte Riva recommença à rire, toujours du même rire d’enfant ; mais, cette fois, le rire n’était pas exempt de malice. Il dit ensuite, se parlant à lui-même comme avant :

« Elle a sans doute dans les veines du sang de Catherine II. La nature lui a, du reste, donné tout ce qu’il faut pour gouverner une race comme la race présente. Ah ! si on savait ce que je sais, notre jeunesse s’attellerait à son char. De fait, elle le mérite, elle le mérite du moins tout autant que Lola Montès autrefois, que nos princesses de théâtre aujourd’hui.

» Oui, elle le mérite, et si je suis homme à le