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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

On eût dit que le vieillard avait touché le cœur du jeune homme avec une baguette mystérieuse et lui faisait doucement violence pour le forcer à parler. Il parla donc, et chaque parole nouvelle semblait lui soulager le cœur de plus en plus.

Le comte écoutait avec attention. Soudain, il détourna la tête et s’essuya les yeux.

Andor cessa de parler.

— J’en sais assez, j’en sais assez, dit le comte souriant tristement ; mais n’allez pas vous coucher, vous ne dormiriez pas, je vous le déclare. Venez plutôt avec moi, je vous y invite. Vous pouvez franchir le seuil de ma maison : la douleur vous a béni, le doute vous a sanctifié. Venez.

Il se leva et se mit à marcher si rapidement qu’Andor avait peine à le suivre.