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LA PELOTE NOIRE ET GRISE

Autour de lui, on n’entendait que le jet d’eau retombant dans le bassin.

Tout à coup, il perçut un bruit de pas lents, solennels, qui cessèrent devant lui. Il ne releva pas la tête. Une main toucha son épaule et le tira de ses sombres méditations. C’était la main du comte Riva, qui se tenait baissé vers lui et lui disait :

— Ne me considérez pas comme un indiscret ; ne croyez pas que je veuille m’initier aux secrets d’autrui. J’aime les malheureux, les opprimés, tous ceux qui ont du chagrin. J’ai, en outre, une certaine sympathie pour vous, jeune homme, et je m’imagine que je puis vous être utile. Faites-moi donc vos confidences. Je ne suis pas aussi fou que le pensent les gens raisonnables. Peut-être, à mon tour, aurai-je confiance en vous… peut-être, plus tard. Alors vous serez surpris, oui, bien surpris.

L’étrange personnage s’assit à côté d’Andor, et ils restèrent ainsi, sans parler, pendant quelque temps.

— Vous aimez, dit enfin le comte, et vous n’êtes pas heureux dans votre amour. Je sais l’effet que cela produit. S’il y a quelqu’un qui doit le savoir, c’est moi.

Andor le regarda avec étonnement.