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LA PELOTE NOIRE ET GRISE

témoins ; voilà pourquoi on me fait partir maintenant.

— Partir ? Comment ? Pour où ?

— Mes parents m’envoient en province, comme institutrice, chez le général Mardefeld. Là-bas, je dois vous oublier, Andor, mais je ne vous oublierai jamais ; je ne me laisserai jamais séparer de vous.

Elle l’enlaça de ses bras avec transport, le couvrit de caresses et se mit à pleurer.

— Calmez-vous, chère bien-aimée Hanna, répondit Andor d’une voix suppliante, je ne veux pas vous voir pleurer ; je ne veux pas. Pourquoi vous tourmenter ainsi ? Vous savez que je vous appartiens, à vous, à vous seule, que le sentiment qui m’a donné à vous tout entier est sans bornes et n’aura pas de fin. Je vous aime ; je vous aime tant, que je ne saurais vous dire tout mon amour ; mais vous devez le sentir. Comment pourrais-je vivre sans vous ? Ayez seulement de la fermeté, Hanna ; ne vous laissez pas influencer ; soyez ferme.

— Je vous appartiens, Andor, s’écria Hanna avec ivresse, je vous appartiens pour toujours. Je comprends maintenant qu’il me serait impossible de vivre sans vous. Que ne m’a-t-on pas dit dans ces dernières semaines ! Mais je ne crois qu’en