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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

racher à tous les rêves brillants qui lui semblaient avoir tant de valeur et de s’en aller avec lui, au loin dans le monde, pour partager ses peines et ses luttes.

Mais ce n’étaient là que des aspirations passagères, qui la faisaient sourire plus tard.

Parlait-il de l’avenir, de son doux espoir de la conduire un jour chez lui comme sa femme, elle se taisait obstinément et fronçait fortement les sourcils. Il ne s’apercevait pas plus de cela que du reste, et se croyait aimé sans calculs, sans bornes, comme il sentait qu’il aimait lui-même.

Un jour, elle lui avoua qu’elle écrivait et lui donna à lire un petit récit qui avait paru dans un journal de modes. L’histoire était aussi banale, aussi bourgeoise qu’il le faut pour cette espèce de publication. Il y trouva autant de poésie qu’il en avait reconnu dans Hanna, et, dès lors, il commença à voir dans sa bien-aimée un être supérieur par lequel il était élevé, ennobli.

Madame Teschenberg observait et jugeait les relations des deux amoureux avec son esprit réfléchi ordinaire. Elle ne concevait aucune crainte pour sa fille, qu’elle jugeait trop bien élevée, et trouvait imprudent d’opposer la moindre résistance à ce caprice. Jamais elle n’eût donné son consentement à un mariage avec le savant sans