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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

et moins bien payé nos écrivains que les Français, les Anglais, les Russes ne payent les leurs.

En ce qui concerne notre moralité, nous invoquons comme preuve notre profond respect des convenances, l’innocence incontestable de notre littérature. Pour notre culture intellectuelle, nous nous prévalons de l’énorme quantité de nos productions intellectuelles. Très-bien. Mais si nous écrivons et nous imprimons plus que toute autre nation, cela prouve seulement que la classe active et productive, en fait de culture intellectuelle, étant plus considérable chez nous, l’indifférence de la masse de la nation pour cette activité, cette production, est plus impardonnable encore ; et, comme déduction de cette preuve, il résulte que si nous sommes au-dessus des autres nations par la force productive de l’intelligence, nous sommes au-dessous en tant qu’éducation populaire.

Je déclare, en outre, que, tout en ne permettant pas à nos écrivains les mêmes licences que les autres nations, nous ne sommes pas plus moraux qu’elles, ainsi que l’ont attesté les chiffres. Seulement, nous savons mieux dissimuler.

À cet égard, du reste, les Anglais nous dépassent encore, eux qui ont mis au ban de la morale quelques-uns de leurs plus grands poëtes, tels que lord Byron et Shelley. À vrai dire, nous, nous n’a-