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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

leuse comédie de 1848. Alors nous vîmes la République tomber une seconde fois et puis expirer sous la morsure venimeuse d’un serpent, comme elle avait expiré une première fois sous la puissante griffe d’un lion. Nous trouvions qu’il n’y avait rien de plus odieux, de plus condamnable qu’un conquérant, la guerre, un peuple avide de gloire militaire. Cette opinion était déjà la nôtre du temps de Louis XIV ; nous la remîmes en avant contre Napoléon le Grand et puis contre Napoléon le Petit. Nous chantions de belles chansons contre la guerre et la gloire ; nous déclamions, nous écrivions de quoi remplir des bibliothèques ; et, après avoir tant chanté, déclamé, écrit contre la race des tyrans, la vaine gloire, la soif des conquêtes, nous en arrivâmes à…

— Monsieur le comte, dit Andor, si vous voulez parler de la dernière guerre contre la France, vous n’avez pas raison. Les Allemands ont été attaqués, et ils n’ont fait que reprendre des provinces qui leur avaient été jadis enlevées par la force.

— Je ne veux pas parler de cette guerre, répondit le comte Riva ; je parlerai seulement de ses conséquences, des traces qu’elle a laissées dans notre conscience, notre âme et surtout dans notre esprit. Je parlerai des modifications survenues dans notre manière de concevoir le juste et l’in-